La tendance du “no logo” dans la food
Lors de la création de votre stratégie marketing culinaire, vos choix graphiques et surtout celui du logo soulèvent de nombreuses questions. Le « no logo » ou l’absence de logo est un phénomène qui se répand de plus en plus, notamment pour les boutiques physiques (restauration, caviste, épicerie fine…). Est-ce pour une question de budget ? Pour plus de sobriété ? Voyons ensemble les avantages et les inconvénients du « no logo » et comment vous pouvez le mettre en place en tant que foodpreneur.
Le « no logo » en détails
Le « no logo » peut résulter de deux choix :
- Une économie en termes de budget en zappant la création de votre logo,
- La finalité d’un marketing jusqu’au-boutiste.
Pour ce dernier cas, cela signifie que vous ne vous reposez pas sur votre image de marque, sur votre logo pour gagner en popularité. Vous optez alors pour un branding fort qui transmettra votre histoire, vos valeurs, vos méthodes auprès de votre client.
Pourquoi choisir le « no logo » ?
Le « no logo » est parfois un choix purement économique : c’est une dépense en moins dans le budget (à première vue). Mais il peut aussi donner une image branchée, raffinée, voire luxueuse à votre marque. Il représente la sobriété, un gage de qualité et d’authenticité. Ce choix envoie le message que vous n’avez pas besoin d’excès de marketing pour être reconnu et mémorable, et que vous êtes sans aucune limite dans votre développement.
Votre histoire, vos engagements, votre cuisine seuls suffiraient à vous faire connaître. Le « no logo » fait de vous une véritable “maison” du bien manger, et non plus une entreprise parmi d’autres. Mais cela n’est en réalité qu’une façade, car le « no logo » implique un travail important de communication, pour favoriser le bouche-à-oreille et vous faire gagner en visibilité.
Les limites du « no logo »
Le « no logo » seul ne fait pas la réputation de votre établissement ou de vos produits. Il est important d’établir une vraie stratégie de communication, notamment sur les réseaux sociaux, pour contrebalancer l’absence de cet élément différenciateur. Le « no logo » demande une réflexion plus poussée sur votre branding, sur les éléments que vous souhaitez transmettre à vos (futurs) clients. En effet, vous ne pourrez plus communiquer à l’extérieur facilement, en sponsorisant une équipe de sport par exemple (zéro logo à mettre sur leur maillot !).
L’attention se portera d’autant plus sur tous les autres aspects de votre entreprise, qui doivent être impeccables :
- La devanture, l’enseigne, la vitrine,
- Les outils de vente pour votre clientèle comme le menu, la carte de fidélité ou encore les dépliants de suggestions pour les fêtes de fin d’année par exemple,
- L’accueil, la tenue et la décoration de votre établissement,
- Votre cuisine, vos plats, bien évidemment.
Pour attirer le chaland et lui donner l’eau à la bouche, votre présence en ligne (site internet, Instagram, Google Business Profile) est également primordiale. Soyez actif chaque semaine, voir chaque jour sur les réseaux sociaux avec une stratégie marketing cohérente et efficace.
Comment mettre en place une stratégie « no logo » ?
Des grandes entreprises l’ont déjà fait (comme la maison Martin Margiela dans le monde de la mode), et le « no logo » fonctionne. Mais avant de choisir cette option, mieux vaut bien réfléchir.
Quel foodpreneur peut choisir le « no logo » ?
Le « no logo » ne s’adresse pas à tout le monde, il s’agit d’un choix osé qui doit être assumé et stratégique. Voici les entrepreneurs culinaires les plus à même d’opter pour l’absence de logo :
- Les restaurateurs avec un carnet de réservation complet pour plusieurs mois.
- Les producteurs avec un gros réseau qui n’ont pas besoin (ou si peu) de communiquer.
- Les épiceries et cavistes haut de gamme dont la renommée n’est plus à faire, mais juste à entretenir.
- Les foodservices et producteurs qui veulent une image de luxe, de haute gastronomie.
- Les entrepreneurs du bien manger qui ont les capacités et l’envie de communiquer beaucoup et autrement (réseaux sociaux, supports imprimés).
- Les commerces de bouche ou les artisans de très proche proximité qui veulent tout miser sur leur savoir-faire et leurs produits.
« no logo » = no identité visuelle ?
Une charte graphique avec une palette de couleurs, des typographies et des éléments graphiques restent indispensables pour votre marque gastronomique. La création d’une identité visuelle est importante, « no logo » ou pas. Cela permet de créer une expérience client forte et unique, tout en renforçant votre branding.
L’absence d’une identité visuelle culinaire représente un risque : celui de vous éparpiller entre votre décoration, vos packagings, vos visuels sur le web, votre vitrine ou encore vos supports imprimés. Ce manque de cohérence aura un impact négatif sur votre image qui semblera alors brouillonne et oubliable. Pour vous démarquer de la concurrence, vous positionner sur un terroir de qualité et fidéliser vos clients, l’identité visuelle est donc nécessaire, que vous ayez fait le choix du logo ou pas.
La clé : communiquez !
L’absence de logo accentue le besoin de communiquer sur votre établissement ou vos produits. En effet, ce sera l’unique moyen d’être reconnaissable et distinguable. Avant que le bouche-à-oreille fonctionne tout seul et que le succès frappe à votre porte de lui-même, il vous faudra occuper le terrain d’un point de vue local (devanture, supports imprimés) et digital (site internet, réseaux sociaux).
Parole de Foodpreneur
L’ÉPICERIE LE BLANC
Delphine, a ouvert L’EPICERIE LE BLANC, une épicerie de proximité située au Blanc, petite ville de l’Indre capitale du Parc de la Brenne. Elle propose un large choix de curiosités culinaires (produits d’épicerie fine, cave, spécialités italiennes…) qui ravissent les papilles de ses clients.
J’ai souhaité la rencontrer pour comprendre quelle avait été sa démarche et sa réflexion quant à ses choix en terme d’image de marque et plus particulièrement pour sa volonté du “No Logo” pour son enseigne et devanture d’épicerie.
Comment avez-vous pensé la devanture et la décoration de votre boutique d’épicerie fine ?
Je suis quelqu’un de créative mais j’aime la sobriété. Pour ma propre épicerie fine, je voulais donc des supports neutres, épurés pour laisser la place au produit et à leur histoire. J’avais envie de jouer avec des matériaux comme le métal, le bois, la pierre, les matières naturelles, les couleurs grises. Un esprit un peu industriel mais pas trop… avec toujours une touche féminine.
Pour la devanture, j’ai gardé celle initiale. Au départ, je voulais une vitrine dans l’esprit atelier mais je n’ai pas eu les autorisations des Bâtiments de France. J’ai donc uniquement repeint en gris clair les encadrements.
Pour l’enseigne, je voulais un graphisme et une typographie sombre en métal, toujours dans cette idée d’élégance et de sobriété.
Pour le nom de l’épicerie, j’ai beaucoup réfléchie. Je ne voulais pas le suffixe “fine” après épicerie car ça cloisonne énormément en terme de haut de gamme. Je voulais aussi qu’apparaisse le mot “Le Blanc” (référence à la ville) dans l’enseigne. Globalement mes choix de sobriété tant dans le mobilier que dans la devanture ont été pensé pour faire la part belle aux produits et à leur authenticité. Un excès de markéting n’avait pas sa place car chaque produit a déjà son histoire, une identité visuelle à part entière, des packagings très travaillés.
En parlant de packaging, comment sélectionnez-vous vos produits?
Je goute tous mes produits et je les connais sur le bout des doigts. Mais je suis aussi très exigeante sur la qualité du design des étiquettes, des couvercles, des détails… la mise à disposition de PLV pour la boutique, la qualité et la cohérence du markéting. C’est très important pour moi. J’ai déjà refusé des produits car le design ne suivait pas, pourtant le goût et la qualité étaient là.
Votre devanture se veut épurée et “sans logo”. Pourtant, vous avez tout de même développer une identité visuelle pour votre site internet, votre compte Instagram… Pourquoi c’était important pour vous?
C’est dans la continuité avec l’ouverture de la boutique. Le projet se développe au fur-et-à-mesure et je pense que la vente en ligne est quelque chose aujourd’hui qui devient primordiale (idem pour la présence sur les réseaux). J’ai donc fait appel à un graphiste qui m’a créé mon identité visuelle avec ce motif que l’on retrouve sur mes supports de communication.
Je vais également mettre en place la vente par click & collect. Pendant la période du confinement et du télétravail, il y avait énormément de personnes parisiennes qui ont découvert mon épicerie (ce qui, par ailleurs, a été une grande force pour lancer mon projet) et qui, lorsqu’ils sont repartis m’ont demandé si j’avais un site et s’ils pouvaient commander du chocolat etc… Donc le site internet me parraissait important.
Delphine Noyet, gérante de L’épicerie Le Blanc
L’ÉPICERIE LE BLANC
16 rue du Général Leclerc, 36300 Le Blanc
Site web
Le « no logo » est un choix stratégique qui mérite réflexion. Si vous venez de reprendre une affaire, si vous avez fait un important crédit pour démarrer un foodservice, il est préférable de jouer la carte de la sécurité en ayant un vrai logo. Mais si le « no logo » est en accord avec vos besoins et vos valeurs (image haut de gamme ou activité très locale) et que vous êtes certain d’assurer en termes de communication, tentez le coup ! Dans tous les cas, faites-vous accompagner par un.e graphiste culinaire pour la création de votre identité visuelle et le conseil en stratégie marketing.
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