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Quand l'artisanat sublime la gastronomie

Rencontres inspirantes  Inspiration & Tendance  Saisonnalité & Évènement

 

Fleuriste, menuisier, céramiste… Autant de métiers qui font partie intégrante de l’écosystème d’un artisan de la food et qui contribuent à sublimer ses produits et son savoir-faire. J’ai la chance de collaborer régulièrement avec des artisans du goût, et je suis toujours fascinée par la manière dont ils s’entourent d’autres artisans pour créer des expériences uniques et mémorables.

 

Une fois par an, je m’autorise un projet hors du domaine alimentaire, et j’adore travailler pour l’artisanat qui a, d’une manière ou d’une autre, un lien avec la food. Je me rends compte qu’il y a une multitude de passerelles entre ces deux univers. Récemment, j’ai eu le plaisir de travailler pour une tapissière qui collabore avec des architectes spécialisés dans l’hôtellerie de luxe. Cette expérience m’a confortée dans l’idée que l’artisanat, même en dehors du secteur alimentaire, peut être une source d’inspiration infinie pour les créateurs et les entrepreneurs de la food.

 

L’artisanat au service de l’art culinaire : une alliance naturelle

 

L’artisanat joue un rôle essentiel dans la mise en valeur des produits et du savoir-faire des artisans de la food. Prenons l’exemple du fleuriste. Ses créations florales peuvent sublimer la présentation d’un plat, créer une ambiance particulière dans un restaurant ou encore décorer un gâteau avec délicatesse. Un bouquet de fleurs fraîches et colorées posé sur une table apporte une touche de poésie et de raffinement à un repas. Les fleurs peuvent également être utilisées pour parfumer un plat ou une boisson, ou encore pour créer des décorations comestibles originales !

 

Le menuisier, quant à lui, peut concevoir des présentoirs en bois sur mesure pour mettre en valeur des chocolats ou des pâtisseries. Le bois, matériau noble et chaleureux, apporte une touche d’authenticité et d’élégance à la présentation des produits. Il peut également être utilisé pour fabriquer des ustensiles de cuisine, comme des planches à découper, des spatules ou des cuillères en bois, qui vous serviront au quotidien.

 

Le céramiste peut créer de la vaisselle artisanale qui apportera une touche d’originalité et de personnalité à une table. Assiettes, bols, tasses, plats… La céramique permet de créer des pièces uniques, aux formes et aux couleurs variées. Une collaboration pourrait naître pour créer par exemple un pack avec vos produits à déguster et une pièce de céramique.

 

Ces métiers complémentaires enrichissent l’expérience gustative et visuelle des consommateurs. Un plat servi dans une assiette en céramique faite main, accompagné d’un bouquet de fleurs fraîches et présenté sur une table en bois massif, aura une toute autre saveur ! L’artisanat permet de créer une ambiance, une histoire, une émotion autour du produit alimentaire. Il invite à la contemplation, à la dégustation et au partage.

 

La mode haute-couture et le monde du luxe sont aussi des espaces où évoluent de nombreux artisans aux savoir-faire précis et parfois méconnus. Et les ponts entre cet univers et la gastronomie ne cessent de se développer et de séduire les consommateurs.

 

Des collaborations fructueuses entre l’artisanat et la food

 

Les collaborations entre artisans de la food et autres artisans sont de plus en plus fréquentes.

  • Un chocolatier peut collaborer avec un céramiste pour créer des supports de présentation originaux pour ses chocolats, par exemple des coupelles ou des présentoirs aux formes géométriques.
  • Un pâtissier peut faire appel à un souffleur de verre pour concevoir des cloches uniques qui mettront en valeur ses créations, jouant avec la transparence et la lumière pour sublimer les textures et les couleurs des gâteaux.
  • Un restaurateur peut travailler avec un ébéniste pour créer un décor sur mesure pour son établissement, en utilisant des essences de bois nobles et des finitions soignées pour créer une ambiance chaleureuse et raffinée.

 

Ces collaborations permettent de proposer des expériences uniques et de valoriser le savoir-faire artisanal. Elles témoignent d’une volonté de créer des ponts entre différents univers, de marier les compétences et les sensibilités pour proposer des produits et des services d’exception.

 

L’artisanat au-delà de la food : un univers d’inspiration sans limite

 

L’artisanat, même en dehors du domaine alimentaire, peut être une source d’inspiration précieuse pour les créateurs et les entrepreneurs de la food. L’esthétique d’un meuble en bois, les motifs d’un tissu, les couleurs d’une céramique… Autant d’éléments qui peuvent inspirer le design d’un packaging, la décoration d’une boutique ou la création d’un nouveau produit.

 

Mon expérience avec la tapissière qui travaille pour des architectes d’hôtellerie de luxe m’a ouvert les yeux sur les passerelles possibles entre l’artisanat et le monde de la gastronomie. Les tissus qu’elle utilise, avec leurs textures riches et leurs motifs travaillés, pourraient tout à fait inspirer la création de packagings pour des chocolats ou des thés haut de gamme. L’attention portée aux détails, le choix des matières nobles et la recherche de l’harmonie des couleurs sont autant d’éléments qui peuvent être transposés dans l’univers de la food. On peut imaginer des chocolats enveloppés dans des papiers aux motifs floraux ou géométriques, des boîtes à thé recouvertes de tissus précieux, ou encore des étiquettes de confiture ornées de broderies délicates.

 

Les artisans, qu’ils soient menuisiers, céramistes, verriers ou tapissiers, partagent une même passion pour leur métier et une même quête de l’excellence. Ce sont des créateurs, des artistes qui mettent leur savoir-faire au service de la beauté et de la fonctionnalité. Pour aller plus loin, je vous invite à découvrir les Pentawards qui imaginent des packagings et des designs innovants, où l’artisanat a souvent la part belle.

 

Observer le travail d’un artisan, c’est apprendre à apprécier la patience, la précision et la passion qui se cachent derrière chaque création. C’est aussi découvrir de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux et de nouvelles esthétiques qui peuvent enrichir notre propre créativité.

 

L’importance de l’artisanat dans un monde industrialisé

 

Dans un monde de plus en plus industrialisé, où la production de masse et la standardisation sont la norme, l’artisanat représente une valeur refuge. Il incarne le savoir-faire traditionnel, la qualité des matériaux, l’authenticité et le respect de l’environnement. Chaque création artisanale est unique, porteuse d’une histoire et d’une émotion.

 

Valoriser l’artisanat, c’est soutenir une économie locale et durable. C’est encourager la créativité, la transmission et l’excellence. C’est aussi promouvoir des produits de qualité, faits avec passion et respect. Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à ces valeurs et recherchent des produits authentiques et responsables. Ils sont prêts à payer un prix plus élevé pour un produit artisanal, car ils savent qu’ils achètent une pièce unique, faite avec amour et attention.

 

 

Je suis convaincue que l’artisanat a un rôle essentiel à jouer dans le monde de la gastronomie. Il permet de créer des produits uniques, de valoriser le savoir-faire des artisans et de proposer des expériences client mémorables aux consommateurs. Encourager les collaborations entre artisans et soutenir l’artisanat local est une démarche essentielle pour préserver notre patrimoine et promouvoir une consommation responsable. C’est aussi une façon de contribuer à un monde plus humain, où la créativité et le savoir-faire sont valorisés.

 

 

Rencontre avec Yuko Kuramatsu, céramiste à Poitiers : quand l’artisanat rencontre la gourmandise

 

À l’heure où les artisans cherchent à se démarquer, notamment lors des temps forts commerciaux comme l’Épiphanie, la collaboration avec des créateurs peut donner un sens nouveau aux traditions. C’est ce qu’illustre parfaitement le travail de Yuko Kuramatsu, céramiste installée à Poitiers, qui réalise chaque année des fèves uniques pour les galettes du Fournil d’Élina. Nous avons échangé avec elle sur son parcours, sa technique et cette belle collaboration.

 

 

Parole de Foodpreneur

Bonjour Yuko !

Pouvez-vous vous présenter brièvement et raconter votre parcours ?

Je m’appelle Yuko Kuramatsu, je suis japonaise et céramiste depuis plusieurs années. Avant cela, j’étais professeure des écoles et j’enseignais également le japonais pour étrangers. C’est à mon arrivée en France que j’ai découvert l’univers de la céramique, notamment à Poitiers, grâce à une rencontre déterminante avec un céramiste, Dani Sauriau.

J’ai toujours aimé les travaux manuels : pliage, couture, dessin… La céramique m’attirait, mais ce n’était pas simple d’y accéder. Un jour, j’ai découvert une technique japonaise appelée Nerikomi – que l’on traduit en français par terre mêlée – et ça a été une révélation. Depuis, je travaille presque exclusivement avec cette méthode, à base de porcelaine colorée dans la masse, sans peinture.

 

Pouvez-vous nous expliquer les étapes pour créer une céramique en terre mêlée ?

Bien sûr. La technique du Nerikomi consiste à colorer la porcelaine avec des pigments (en général 1 à 2 % de colorant), puis à assembler les terres de différentes couleurs pour former des motifs. Je choisis la porcelaine pour sa blancheur, sa translucidité et la mise en valeur des teintes.

Le processus est long et très technique :

  1. Je prépare chaque couleur avec précision, en calculant les proportions nécessaires selon les motifs.
  2. Je compose les motifs en 3D, comme un dessin dans la matière.
  3. Je tranche l’ensemble des motifs montés pour la taille d’assiette ou d’une coupelle, puis suivant la forme j’utilise la technique « estampage » pour donner la forme, avec des moules en plâtre.
  4. Vient ensuite le séchage, très délicat : la terre peut fissurer, le taux de perte peut atteindre 50 %.
  5. Puis, deux cuissons (à 980°C puis 1200°C), entrecoupées d’un ponçage minutieux, car je choisis de ne pas émailler mes pièces. J’aime l’aspect mat, brut mais doux de la porcelaine ainsi poncée.

 

C’est un travail de patience et de précision, bien plus lent que d’autres techniques, mais le rendu est unique. Chaque pièce est un vrai objet d’art.

 

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec le Fournil d’Élina à Poitiers (St-Benoit), pour qui vous avez fabriqué des fèves ?

Oui, avec plaisir ! C’est une collaboration qui dure depuis quatre ans maintenant. L’idée m’est venue en découvrant l’Épiphanie en France – une tradition qui n’existe pas au Japon. J’ai trouvé intéressant que l’on cache un objet dans une galette, et je me suis demandé : pourquoi ne pas créer des fèves en céramique ?

J’ai d’abord organisé une exposition collective avec d’autres céramistes à Poitiers, où l’on proposait nos propres fèves. Le Fournil d’Élina a joué le jeu en réalisant des galettes intégrant nos créations. L’accueil a été très positif, et depuis, ils me commandent des fèves chaque année.

 

Comment créez-vous ces collections de fèves ?

Le Fournil me donne carte blanche, tant que l’on reste dans l’univers des motifs japonais. Je pioche dans les motifs traditionnels, souvent porteurs de sens : par exemple, les fleurs de prunier (symbole de renouveau) ou les feuilles de chanvre, qui symbolisent une croissance saine pour les enfants.

Chaque année, je renouvelle les couleurs ou les variations de motifs pour que les fèves deviennent des objets à collectionner. Il y a même un petit présentoir dans la boulangerie, avec quelques explications et un QR code pour les curieux.

 

Qu’apporte selon vous ce type de collaboration à un artisan des métiers de bouche ?

Je pense que cela permet vraiment de se différencier. Les clients reconnaissent la démarche : ils ne trouvent pas ces fèves dans la grande distribution, ce sont des pièces uniques, faites main, locales. Cela ajoute de la valeur émotionnelle et artistique à un produit traditionnel.

 

C’est une manière de créer une expérience, de raconter une histoire. Et ça, aujourd’hui, c’est essentiel pour se démarquer en tant qu’artisan.

 

Envisagez-vous d’autres collaborations dans le monde de la gastronomie ?

Oui, j’aimerais beaucoup ! J’imagine des assiettes ou contenants sur-mesure pour des chefs ou des photographes culinaires, notamment pour sublimer des plats ou pour des shootings. J’ai déjà collaboré avec Dalloyau, qui m’a commandé des fèves “gagnantes” pour une galette en collaboration avec Paul & Joe (motif chat et couronne). C’était un très beau projet.

Mais mon rêve serait de travailler avec un chef étoilé, sur des pièces pensées pour un plat unique, dans un dialogue entre céramique et gastronomie.

Crédits : @GuillaumeHeraudPhotographies 

 

Pour découvrir le travail de Yuko Kuramatsu ou retrouver ses créations :

Retrouvez-la sur Instagram ! Elle participe également au marché “Céramique à Poitiers”, organisé chaque année en juin au parc de Blossac.